100 considérations fondamentales sur la différenciation des syndromes
Les 100 points sont commentés, ils doivent être connus et assimilés.
Les sept étapes de toute médecine. 1. Bases philosophiques ou paradigmes. 2. Anatomie. 3. Physiologie. 4. Physiopathologie. 5. Sémiologie. 6. Diagnostic. 7. Traitement. L’acupuncture n’est ni un système ni une méthode ni un ou d’autres termes aussi vagues. Contenant les sept étapes décrites, elle est une médecine à part entière.
La matière et l’Énergie. Si les bases philosophiques de la médecine occidentale scientifique sont fondées sur le rapport à la matière, celle des médecines extrême-orientales reposent sur le rapport à l’Énergie (qi). On peut employer le terme Énergie(s) au sens large du terme ou au sens plus restreint de la Substance (qi) du Poumon.
Le microcosme et le macrocosme. La Médecine chinoise (zhongyi) considère que le corps de l’homme, le microcosme, est identifié analogiquement à l’univers, le macrocosme. Assurer cette identité est gage de santé et longévité. Quand cette identité est dissociée, il y a maladie et mort prématurée. Lorsqu’on passe de la Médecine chinoise (zhongyi) à l’Alchimie interne (neidan), on ajoute une troisième réalité : l’état fœtal considéré comme le nanocosme.
Les trois paradigmes fondamentaux. Ils relient l’homme à l’univers. 1. Le qi. 2. Le yin-yang. 3. Les Cinq Mouvements (wuxing).
Les Trois Trésors (sanbao) : Esprit (shen), Énergie (qi) et Essence (jing). Ils participent au travail de l’Alchimie interne (neidan). 1. Le shen du Cœur peut être traduit par Esprit, terme le plus conventionnellement usité ; Conscience ; Mental ; Psychisme ; activité fonctionnelle des Viscères (zang). 2. Le qi du Poumon a une fonction universelle. Il nous relie et nous identifie à tout le fonctionnement de l’univers. 3. L’Essence (jing) des Reins a une fonction singulière. Il spécifie chacun de nous en sein de l’espèce humaine.
Le Ciel antérieur (xiantian) et le Ciel postérieur (houtian). 1. Le Ciel antérieur (xiantian) est assimilé à l’Esprit originel (yuanshen), la vacuité (xu) originelle et créatrice, au-delà de l’unité et de la dualité, de l’espace et du temps. Il est une conscience simplement consciente d’elle-même, sans objet extérieur d’identification. Il ne correspond pas seulement à l’intervalle qui a précédé la naissance voire même la conception. Ils sont tous deux inscrits dans l’espace-temps. Le représentant de l’Esprit originel (yuanshen) dans le monde incarné est la conscience immobile investie en Méditation (shan) : le Feu empereur (junhuo). 2. Le Ciel postérieur (houtian) est assimilé à l’Esprit (shen) déposé dans les Cinq Mouvements (wuxing) incarné dans la dualité du yin-yang et du qi ; c’est-à-dire dans l’espace – la forme – et le temps – son déroulement -. Même si on considère que l’intervalle précédant la conception n’est pas inscrit dans le yin-yang et les Cinq Mouvements (wuxing), il a une forme et se meut. Il est en attente d’une incarnation, c’est-à-dire d’une relation qui l’inscrit dans le deux. Il fait donc partie du Ciel postérieur (houtian). 3. Le génie du corps est qu’il possède en son sein l’ensemble des composantes de l’Esprit (shen) : l’Esprit originel (yuanshen) immobile et silencieux qui « simplement observe » le mouvement de l’espace et du temps de l’Esprit incarné dans les Cinq Mouvements (wuxing).
L’Esprit originel (yuanshen) et l’Esprit viscéral (zangshen). 1. La vacuité (xu) de l’Esprit originel (yuanshen) est autant le plus grand vide que la plus grande plénitude. On la dit pour cela créatrice. Aucun concept ne peut la représenter. Elle est dissolution de toute forme et cessation du temps. 2. Inclus dans la dualité des processus sensori-mentaux, dont le premier couple est le yin-yang, l’Esprit duel est incarné dans les Cinq Mouvements (wuxing). Associé au qi, il n’existe qu’en tant que forme et dans le mouvement du temps.
Le Feu empereur (junhuo) et le Feu ministre (xianghuo). 1. Le Feu empereur (junhuo) est logé dans le Cœur. Dans le monde incarné, il est assimilé à l’Esprit originel (yuanshen). Immobile, il reçoit les ordres du Ciel (tian) qu’il transmet au Feu ministre (xianghuo). Quand l’Empereur (jun) domine le Ministre (xiang), l’Esprit (shen) est calme et tempéré ; l’identité de l’homme et de l’univers est admise. Les maladies sont peu graves et passent rapidement. La santé et la longévité sont acquises. 2. Le Feu ministre (xianghuo) agit les ordres reçus par le Feu empereur (jinhuo). Logé dans les Reins, c’est la Porte du Destin (mingmen), Feu véritable (zhenghuo) qui réchauffe l’organisme. Il est assimilé à l’Esprit (shen) incarné dans les Cinq Mouvements (wuxing). Cependant, dans les Reins, il contient une partie de l’Esprit originel (yuanshen). Quand le Ministre (xiang) domine l’Empereur (jun), l’Esprit (shen) est agité, excessif, passionnel et pulsionnel ; l’homme et l’univers sont dissociés. Les maladies sont graves et chroniques. La bonne santé et la longévité sont compromises.
Les Cinq Émotions (wuzhi) et les Sept Sentiments (qiqing). Ils sont les causes principales des Maladies internes (neibing). Les termes traduits sont standardisés, ils demandent plus de précision. 1. Les Cinq Émotions (sushi) sont physiologiques : colère (nu) pour le Foie, joie (xi) pour le Cœur, pensée-intention (si) pour la Rate, tristesse (you) pour le Poumon, peur (kong) pour les Reins. 2. Les Sept Sentiments (qiqing) sont pathologiques. Ils comprennent les Cinq Émotions (wuzhi) auxquels j’ajoutent la tristesse, l’affliction, le chagrin (bei) pour le Poumon et le Cœur, la frayeur (jing) pour les Reins et le Cœur.
Les Esprits Viscéraux (zangshen) en 6 points. 1. Les Cinq Esprits viscéraux (wushenzang) sont logés dans les Viscères (zang) : hun (Âme céleste) pour le Foie, shen (Esprit) pour le Cœur, yi (Intention, pensée) pour la Rate, po (Âme terrestre) pour le Poumon, zhi (Volonté, réalisation) pour les Reins. 2. Contrairement aux Cinq Mouvements (wuxing) qui ont une organisation pentagonale, les Cinq Esprits viscéraux (wushenzang) ont une organisation pyramidale. L’Esprit (shen) du Cœur est le sommet qui maîtrise la base composée de quatre côtés formés par l’Âme céleste (hun), l’Intention-pensée (yi), l’Âme terrestre (po) et la Volonté-réalisation (zhi). 3. Selon le Lingshu, 47, la force de l’Essence (jing) des Reins rassemble l’Esprit (shen), l’Intention-pensée (yi), l’Âme céleste (hun) et l’Âme terrestre (po). 4. Selon le Lingshu, 8, l’Âme céleste (hun) et l’Esprit (shen) sont dans la relation « aller et venir », l’Âme terrestre (po) et l’Essence (jing) sont dans la relation « rentrer et sortir ». 5. Les deux Esprits viscéraux (zangshen) Intention-pensée (yi) et Volonté-réalisation (zhi) sont qualifiés de Terrestres (di). Ils sont soutenus par l’Essence (jing) acquise pour la Rate et innée pour les Reins. Ils authentifient le fondement de notre incarnation : penser avec l’Intention-pensée (yi) et agir avec l’Essence (jing) où demeure la Volonté-réalisation (zhi). Ils meurent avec le corps. 6. Les trois Esprits viscéraux (zangshen) Esprit (shen), Âme céleste (hun) et Âme terrestre (po) sont qualifiés de Célestes (tian). Ils s’incarnent au moment de la conception et ne meurent pas avec le corps. Ils s’en séparent pour errer dans des endroits indéterminés.
La multiplicité des Énergies : l’inné et l’acquis. 1. L’inné du Ciel antérieur (xiantian) est reçu et thésaurisé dans les Reins : jingyin (Essence yin), jingyang (Essence yang) et Énergie de l’Essence (jingqi). 2. L’acquis du Ciel postérieur (houtian) est constitué de l’Énergie nutritive (yingqi) qui circule dans les Méridiens, défensive (weiqi) qui circule hors des Méridiens, pectorale (zongqi), du Sang (xue) fabriqué à partir du yinqi et des Liquides organiques (jinye). On appelle Énergie véritable (zhenqi), l’ensemble formé par l’Énergie nutritive (yingqi), l’Énergie défensive (weiqi) et l’Energie pectorale (zongqi). Toute forme d’Énergie physiologique prend le nom d’Énergie correcte ou droite ou orthodoxe (zhengqi). Inné et acquis coopèrent activement. Toutes ces Énergies sont interactives.
Les Trois Réchauffeurs (sanjiao). 1. Le Réchauffeur inférieur (xiajiao) termine l’absorption des Liquides (jinye) et est semblable à un égout où s’élimine l’Impur (zhuo) (selles et urines). Il recueil et thésaurise l’Essence (jing). 2. Le Réchauffeur moyen (zhongjiao) macère. Il reçoit les aliments, transforme et produit l’Énergie nutritive (yingqi), l’Énergie défensive (weiqi) et les Liquides (yinye). S’il est la source du qi et du Sang, il produit uniquement le qi. 3. Le Réchauffeur supérieur (sanjiao) est semblable à une brume. Il reçoit l’Énergie pectorale (zongqi) et diffuse le qi. Le Cœur reçoit le qi pur (qing) de la Rate à partir duquel il produit le Sang.
Les Neuf Orifices (jiuqiao). 1. Neuf est le nombre constant car la somme de ses multiplicateurs est toujours égale à 9. Il nous relie à l’univers par nos 9 Orifices (jiushangqiao) : 7 en haut : 2 yeux, les 2 oreilles, 2 narines, 1 bouche et 2 en bas : 1 anal et 1 urinaire, appelés les « deux yin ». 2. Les 7 Orifices du haut (qishangqiao) sont dits du Pur (qing). Ils nous relient au Ciel. Les 2 Orifices du bas (erxiaqiao) sont dit de l’Impur (zhuo). Ils authentifient notre incarnation sur Terre par l’émission matérielle des selles et des urines. 3. Les 9 Orifices dépendent du Cœur ; les 7 supérieurs, du Poumon ; les 2 inférieurs, des Reins. La Rate au centre assure la montée du Pur (qing) et la descente de l’Impur (zhuo) avec l’Estomac ; le Foie, la libre circulation du qixue.
Les quatre mouvements fondamentaux. 1. Le Sang (xue) et l’Énergie (qi). Le Foie ascensionne le Sang, le Poumon abaisse l’Énergie. L’abaissement de l’Énergie doit être plus important que l’élévation du Sang. Dans ce cas, le centre de gravité du corps est équilibré sous nombril. 2. Le Pur (qing) et l’Impur (zhuo). La Rate ascensionne le Pur (qing) dans les Orifices supérieurs (shangqiao), tandis que l’Estomac abaisse l’Impur (qing) dans les Orifices inférieurs (xiaqiao). L’élévation du Pur (qing) doit prédominer sur l’abaissement de l’Impur (zhuo) afin que les Orifices supérieurs (shangqiao) informent clairement et subtilement la pensée. 3. L’Eau (shui) et le Feu (huo). L’Eau des Reins monte au Cœur pour humidifier leur Feu, le Feu du Cœur descend dans les Reins pour assécher leur Eau. L’équilibre entre l’Essence (jing) et l’Esprit (shen) est alors respecté. 4. L’Énergie (qi) et l’Essence (jing). La Source supérieure du qi est le Poumon, la Source inférieure du qi est les Reins : c’est l’Essence (jing). Le qi est abaissé par le Poumon dans les Reins, ce qui assure l’abaissement du centre de gravité du corps dans le Réchauffeur inférieur (xiajiao) sous le nombril et non pas au milieu, dans le Réchauffeur moyen (zhongjiao).
Les Cinq Substances (wuqi). Elles sont réparties sur les Cinq Viscères (wuzang) : 1. Le Sang (xue) pour le Foie. 2. L’Esprit (shen) pour le Cœur. 3. Les Liquides organiques (jinye) pour la Rate. 4. Le qi (Énergie) pour le Poumon. 5. L’Essence (jing) pour les Reins.
Les cinq excès. À chaque Substance (qi) correspond son excès qui perturbe le yin et le yang et déséquilibre le qi et le Sang. 1. Les excès des Emotions-Sentiments (qingzhi) affaiblissent le Sang et le Foie. 2. Les excès de pensée affaiblissent l’Esprit (shen) et le Cœur. 3. Les excès alimentaires affaiblissent les Liquides (jinye) et la Rate. 4. Les excès d’activité (surmenage) affaiblissent le qi et le Poumon. 5. Les excès sexuels affaiblissent l’Essence (jing) et les Reins.
Assimiler l’organisation des six méridiens en trois étapes. 1. Les six Énergies perverses externes : l’Humidité (shi), le Vent (feng), la Chaleur (re), le Froid (han), le Feu (huo), la Sécheresse (zao). 2. Les correspondances dans les six méridiens (les 12 principaux appariés par 2) : le taiyin pour l’Humidité, le jueyin pour le Vent, le shaoyin pour la Chaleur, le taiyang pour le Froid, le shaoyang pour le Feu, le yangming pour la Sécheresse. 3. Les fonctions des six méridiens : l’ouverture pour le taiyin et le taiyang, la fermeture pour le jueyin et le yangming, la charnière ou axe de communication pour le shaoyin et le shaoyang.
Les volets de la physiologie. Ils doivent être parfaitement connus pour comprendre, diagnostiquer et traiter les maladies. Par convention, on nomme l’ensemble des Organes zangfu, les Viscères pleins zang, les Entrailles creuses fu. 1. Les Organes (zangfu). Ils comprennent les Viscères (zang), magasins où s’entreposent les Cinq Substances (wuqi) et les Entrailles (fu), de transit et d’élimination. 2. Les fu extraordinaires et éternels : os (gu), moelle (sui), cerveau (nao), utérus (zigong), vaisseaux (mai), Vésicule Biliaire (dan). 3. Les Cinq Substances (wuqi). 4. Les catégories de Méridiens (jing) comprenant les Huit Méridiens extraordinaires (qiqingbamai). 5. Les Trois Réchauffeurs (sanjiao). 6. Les Neuf Orifices (jiuqiao).
Les structures et les Énergies. Les trois types de structures où se déposent et circulent les Énergies sont : 1. Les Méridiens (jing). 2. Les Organes (zangfu). 3. Les Trois Réchauffeurs (sanjiao).
L’étude de bianzhenglunzhi résumé en bianzheng. La Différenciation des Syndromes physiopathologiques (bianzheng), comprend plusieurs registres fondamentaux. Ils se ramifient en plusieurs catégories et sous-catégories. 1. Les Méridiens (jing). 2. Les Organes (zangfu). 3. Les Trois Réchauffeurs (sanjiao). 4. Les Six Climats externes (liuyu). 5. Les Cinq Substances (wuqi). 6. Les Quatre Couches : défensive (wei), énergétique (qi), nutritive (ying), sanguine (xue).
Les attaques externes. Leurs pathologies font partie de cinq cadres cliniques théoriques décrits par la Médecine chinoise (zhongyi) : 1. Attaques de Vent externe sur le Poumon. 2. Syndromes des Six Méridiens (liujingbianzheng) pour les attaques de Froid. 3. Syndromes des Quatre Couches (weiqiyingxuebianzheng) pour les attaques de Chaleur. 4. Syndromes des Trois Foyers ou Réchauffeurs (sanjiaobianzheng) pour les attaques de l’Humidité-Chaleur. 5. L’accumulation de Chaleur dans le Poumon pour la Chaleur perverse qui rentre à l’intérieur. En cas de douleur thoracique, elle fait partie des cadres cliniques de l’Obstruction de la poitrine (xiongbi).
Le symptôme et le signe. 1. Le symptôme est dit subjectif car il est uniquement perçu par le patient. 2. Le signe est dit objectif car il est perçu par le praticien. Un symptôme peut être un signe.
Le Syndrome (zheng) et la Maladie (bing). 1. 1. Trois critères s’appliquent au Syndrome (zheng). • Il se défini comme une collection de symptômes et signes formant une entité pathologique spécifique repérable chez un sujet et d’un sujet à l’autre. • Il fait le lien entre ; d’une part, les signes et symptômes ; d’autre part, la maladie. • Le traitement s’applique sur lui, en acupuncture ou pharmacopée. 2. Une Maladie (bing) est formée d’un, c’est rare, ou plusieurs Syndromes (zheng), c’est le cas le plus fréquent.
Les trois composantes du diagnostic. 1. Un symptôme et/ou signe. 2. Une Énergie. 3. Une structure qui contient et véhicule cette Énergie. Relier les trois composantes du diagnostic au traitement, permet à celui-ci de corriger l’ensemble des facteurs qui concourent à une pathologie. Aucune des trois composantes seules ou deux d’entre elles, ne le permet.
Transformation et association des Syndromes (zheng). Comme l’Énergie (qi) suit la pensée et que celle-ci est en mouvement permanent, la principale qualité du Syndrome (zheng) est sa transformation. 1. Plus la maladie est ancienne, plus les Syndromes (zheng) peuvent se transformer et s’associer. 2. Quand ils se transforment, les Syndromes (zheng) ne se succèdent pas, ils se superposent. Les plus anciens ne disparaissent pas au profit des plus récents, ceux-là sont toujours présents, même à minima.
« Les » Syndromes (zheng) et « ses » Syndromes (zheng). Les livres vont décrire « les » symptômes et signes d’une manière statique se rapportant à un Syndrome (zheng). Toutefois, les patients vivent l’évolution de « leurs » Syndromes (zheng) d’une manière dynamique au cours de leur vie. C’est ce qui fait toute la différence entre une théorie même bien construite et une pratique toujours plus complexe.
Les trois règles descriptives des Syndromes (zheng). 1. Tous les symptômes et signes ne se retrouvent pas nécessairement dans un Syndrome (zheng) présenté par un patient. Cependant, un seul d’entre eux suffit à poser le diagnostic du Syndrome (zheng). 2. Quand un Syndrome (zheng) se transforme en un autre, celui-là garde toujours au moins un symptôme ou signe qui rappelle son existence. 3. Dans la description d’un Syndrome (zheng), certains symptômes et signes sont généraux, d’autres sont orientés vers un type particulier de pathologie.
Du syndrome (zheng) à la maladie (bing). Une maladie est formée par un ou plusieurs Syndrome (zheng). Comme pour le Syndrome (zheng) : 1. La Maladie (bing) contient les trois composantes qui permettent de poser un diagnostic. 2. La Maladie (bing)peut se transformer et se complexifier avec le temps. 3. Un point et une association de points ne traitent pas toujours un symptôme ou un signe, ils agissent sur le Syndrome (zheng) lui-même. Corollairement, on traite une Maladie (bing) en traitant l’ensemble de ses Syndrome (zheng).
Des Syndromes (zheng) théoriques et ceux des patients. Bien connaître les Syndromes (sheng) et la première étape de la connaissance de la Différenciation des Syndromes (bianzheng). Mais elle ne suffit pas pour traiter une Maladie (bing). Celle-ci concerne un patient particulier, mosaïque de Syndromes (zheng) qu’aucun livre ne peut répertorier. Seule l’expérience pratique clinique avec un praticien expérimenté permet de passer à cette étape. Aussi, les livres décrivent des maladies qui n’existent pas.
La standardisation des études. On peut tenter de standardiser les études cliniques pour les maladies aiguës où la Cime (biao) est seulement considérée. Cependant, il est impossible de le faire pour les maladies chroniques où les Syndromes (zheng), apparentés au Fondement (ben), peuvent varier d’un sujet à l’autre.
La maladie, le malade et l’effet placébo. La maladie est un ensemble de symptômes, signes et syndromes. 2. Le malade est une conscience à part entière qui ne peut être investie par l’autre. 3. Tenir compte de l’effet placébo peut être indispensable pour évaluer la pertinence d’un effet thérapeutique dans les deux médecines, occidentale et chinoise. Toutefois, il est la représentation scientifique imaginaire d’une réalité qui loin d’être exclue et niée, doit être complètement investie pour accélérer un résultat. L’effet placébo ne dois donc ni être rejeté ni être nié. Il faut trouver sa juste utilité.
Les huit règles ou principes diagnostiques (bagang). Le yin. 2. Le yang. 3 Le Froid (han). 4. La Chaleur (re). 5. L’avers ou Extérieur (biao). 6. Le revers ou l’Intérieur (li). 7. Le Vide xu). 8. La Plénitude (chi).
Les quatre temps du diagnostic. 1. L’interrogatoire. 2. La palpation des pouls. 3. L’inspection de la langue. 4. L’inspection du teint.
L’accord et le désaccord. En conformité avec le fondement de la Voie (dao), que les quatre temps de l’examen soient en accord ou apparemment en désaccord, il y a toujours une logique qui ramène sur l’unité diagnostique et thérapeutique. Un déséquilibre ne peut pas être en désaccord, c’est notre gêne mentale et émotionnelle qui l’est. Cette gêne est directement corrélée à notre insuffisance de connaissance des cadres cliniques théoriques et leurs intrications.
L’un, le deux, le trois et les 10000 êtres. Dans le taoïsme, un donne naissance au deux qui donne naissance au trois qui donne naissance aux 10000 êtres. Se limiter aux symptômes et signes pour élaborer un diagnostic et un traitement est comme se figer sur les 10000 êtres. Découvrir toutes les relations syndromiques qui composent une maladie à partir des 4 temps de l’examen est retourner au deux. En effet, la Médecine chinoise (zhongyi) est plafonnée par la dualité de l’activité mentale. Seul le patient qui échappe complètement à l’investigation d’un autre, peut retourner à son unité. Il passe alors du registre de la Médecine chinoise (zhongyi) à celui de l’Alchimie interne (neidan).
La théorie et la pratique. Le cadre théorique est à notre disposition, alors que nous sommes à la disposition de son application pratique. Aussi, sommes-nous les maîtres de la théorie, mais son application pratique est notre maître.
Les trois facteurs indispensables du succès thérapeutique. 1. Les connaissances théoriques. 2. Leur adaptation à un malade particulier. 3. L’attention au présent du praticien, c’est-à-dire l’équilibre de son propre Esprit (shen). Il est le premier facteur garant du rassemblement de l’Esprit (shen) du patient.
Les quatre déséquilibres fondamentaux de la Médecine Chinoise (zhongyi). 1. Le yin. 2. Le yang. 3. Le qi. 4. Le Sang. Leur diagnostic et leur traitement sont prioritaires, que l’on décide de traiter d’abord la Cime (biao) ou le Fondement (ben).
La règle dite « spatio-temporelle ». Elle doit constamment être présente à l’esprit du praticien. 1. La règle temporelle signifie que la médecine chinoise est une médecine du présent : on diagnostic et traite la maladie présente lors de la consultation. 2. La règle spatiale signifie que l’on diagnostic et traite la totalité des Syndromes (zheng) présents lors de la consultation. Dans l’Ecole-du-Milieu, on appelle cette dernière règle « ratisser large ».
Les priorités et la règle spatio-temporelle. Elle n’exclut pas de ne pas tenir compte des priorités de traitement quand elles se présentent. Il peut donc y avoir quelques exceptions liées à des circonstances particulières.
La présence et l’intériorité. Le présent est un état d’esprit que le praticien dont constamment cultiver afin de ne pas perdre dans des comparaisons inutiles qui l’éloignent du Fondamental (ben). La première personne qui rassemble « les » Esprits (shen) du patient est le praticien lui-même. Ainsi, à niveau de connaissances égales, le praticien qui a le plus d’intériorité et de présence aura plus de résultat. Selon le Suwen, 74 et 75 : L’attitude résolue du praticien, son calme, la présence avec laquelle il puncture, son degré d’intériorité ; toutes ces qualités participent du résultat thérapeutique.
Trois principes diagnostiques. 1. La Médecine chinosie (zhongyi) est une horlogerie de précision. Sa complexité peut nécessiter quelques séances pour affiner le diagnostic par la Différentiation des Syndromes (bianzheng) et adapter le traitement en conséquence. 2. Par référence au principe du présent, il faut diagnostiquer et traiter le déséquilibre du moment de la consultation sans tenir compte des variations, parfois, énormes, avec un état antérieur. 3. Même après un diagnostic bien établi au départ, des corrections sont parfois nécessaires au fur et à mesure de l’avancée des séances.
Origine, causes, mécanismes. 1. L’origine est l’un au-delà du deux. L’origine reste donc un Mystère (xuan) infranchissable par sa pensée et celle d’un autre. 2. Les causes et mécanismes repérables ne sont pas l’origine d’une maladie. Par notre Esprit de connaissance (shishen), nous sommes directement inscrits dans la dualité du yin-yang. On traite selon les causes et les mécanismes inscrits dans la dualité, au niveau donc de la maladie (bing). Aussi, ne guérit-on jamais définitivement un malade. Passer de la dualité de la maladie (bing) à l’unité du malade nécessite de passer de la Médecine chinoise (zhongyi) à l’Alchimie interne (neidan).
Le correct (zheng) et le pervers (xie). 1. Le Vide ou Insuffisance (xu) est celui de l’Énergie correcte ou droite (zhengqi) selon les traductions. La Plénitude (chi) est celle de l’Énergie perverse (xieqi). 2. L’Énergie correcte (zhengqi) prend deux formes : inné et acquise. L’Énergie perverse (xieqi) est toujours acquise.
Les trois catégories de maladies selon leur lieu d’apparition. Les maladies sont externes (waibing), internes (neibing) et intermédiaires. 1. L’Énergie perverse (xieqi) dépend des six Énergies climatiques externes (waiqi) considérées comme les causes principales des maladies externes. 2. Les Sept Sentiments (qiqing) sont les causes principales des maladies internes. Quant aux Cinq Émotions (wuqi), elles sont physiologiques. 3. Les troubles de l’alimentation, les chocs et traumatismes, le surmenage et l’inactivité, les poisons, les morsures ; toutes ces causes sont considérées comme mi externes, mi internes.
Les deux catégories de maladies selon leur apparence. La Médecine chinoise (zhongyi) différentie les maladies avec forme (youxing), des maladies sans formes (wuxing). Il n’y a pas comme en médecine occidentale, de maladies organiques et fonctionnelles.
Orientation de l’interrogatoire. 1. La première étape est de se taire pour écouter la raison qui motive la consultation, le ou les symptômes principaux, les antécédents. Ils orientent déjà sur l’ensemble des Syndromes (zheng) qui constituent le déséquilibre. 2. La seconde étape est d’interroger. L’interrogatoire peut ainsi être orienté pour compléter le diagnostic syndromique.
Les cinq règles de la prise des pouls. 1. Le pouls du Pouce (cun) droit, lieu du Poumon qui stocke et réparti l’Énergie interne (neiqi), détermine l’état de Vide (xu) ou de Plénitude (shi). 2. Il est comparé aux pouls des cinq autres loges. 3. Les pouls droits et gauches sont comparés entre eux. 4. Selon le Lingshu, 9, il faut encore comparer les pouls radiaux au pouls de la carotide. 5. L’examen du pouls est comparé aux trois autres temps du diagnostic : l’interrogatoire, la langue et le teint.
Les pouls fondamentaux. 1 Les pouls de vide : vide (xu), faible (ruo), ténu (wei), court (duan). 2. Les pouls de plénitude : plein (shi), grand (da), vaste (hong), long (shang). 3. Les pouls accélérés : rapide (shuo), hâtif (ji). 4. Les pouls ralentis : lent (chi), retardé ou souple (huan). 5. Les pouls superficiels : superficiel ou flottant (fu), dispersé (san), creux (kong). 6. Les pouls profonds : profond (chen), caché (fu), résistant (lao). 7. Les pouls tendus : en corde ou tendu (xian), pressé (jin), en peau de tambour (ge), accéléré (cu). 8. Les pouls glissants : glissant (hua), agité (tong). 9. Les pouls irréguliers : noué (jie), périodique (dai). 10. Autres pouls : rugueux (se), mou (ru).
Les pouls de mélange de qi. Vide et Plénitude (xushi), Froid et Chaleur (hanhe) se mélangent. L’expérience montre que les pouls droits témoignent de la Chaleur (re) et de la Plénitude (shi) ; les pouls gauches, du Froid (han) et du Vide (xu).
Le pouls de l’Estomac. Selon le Suwen, 18, un pouls équilibré contient pour un tiers celui de l’Estomac. C’est dire qu’il est équilibré en Énergie nutritive (yingqi) et Énergie défensive (weiqi). Quand ce tiers n’est pas assuré, le pouls est pathologique.
Les directions correctes et opposées. Toujours selon le Suwen, 18, 23 et 53 ; le Lingshu, 4 et 6 ; le Maijing ; le Nanjing 13e difficulté : dans la « direction correcte », le pouls, l’Énergie de la maladie, la couleur sur le visage, la morphologie du patient et les caractéristiques des saisons sont analogues. Dans la « direction opposée », un ou plusieurs paramètres ci-dessus ne concorde pas. Par exemple, on voit des pouls Vides (xu) dans une maladie de Plénitude (shi) et inversement ; des pouls Vides (xu) chez un sujet de constitution forte et inversement. L’exemple le plus typique est un pouls de Vide de Sang, xi (fin) et ruo (faible), chez un homme et surtout s’il est de constitution forte.
Les fondamentaux de l’examen de la langue. 1. L’immobilité et le mouvement (tremblement). 2. Le volume : normal, mince, gonflé. 3. La couleur : normale ou pathologique. 4. Les enduits ou leur absence. 5. Le degré d’humidification : humide ou sèche. 5. Les taches et points de couleur. 6. Les fissures et perte de substance. 7. L’examen de la face postérieure.
Les Vides (xu) et les Plénitudes (shi). Rarement isolés, ils s’associent et se transforment. Dans tous les cas, ils coexistent. 1. Les Plénitudes (shi) peuvent se transformer en Vide (xu) dans le temps. 2. Les Vides (xu) peuvent subir des attaques externes de type Plénitudes (shi) et laisser s’accumuler des Pervers (xie) qui peuvent donner l’illusion d’une Plénitude (shi). L’exemple le plus typique est les Plénitudes d’Humidité et de Mucosités-Glaires (tanyin) toujours sous-tendues par le Vide de qi et/ou de yang de Rate.
Le traitement de l’aigu et du chronique. 1. En cas de maladie aiguë, traiter prioritairement selon les symptômes. 2. En cas de maladies chroniques, traiter prioritairement selon les pouls.
Les trois règles de manipulation d’aiguilles. 1. En cas de Vide – d’Énergie correcte (zhengqi) -, on tonifie (bufa). 2. En cas de Plénitude – d’Énergie perturbée ou perverse (xieqi) -, on disperse (xiefa). 3. Dans les cas intermédiaires, quand aucun des deux ne prédomine sur l’autre, on harmonise (hefa). Dans les deux premiers cas de figure, on ne fait jamais l’inverse, sinon on aggrave les malades.
L’influence des médicaments allopathiques. Certains médicaments peuvent suffisamment modifier l’état du pouls et de la langue pour rendre incompréhensible leur interprétation. Gage d’un traitement adapté, le diagnostic est alors retardé. Dans ce cas, il faut confronter l’interrogatoire au diagnostic médical occidental et aux paramètres recueillis par l’examen du pouls et de la langue.
Règles de traitement du Froid et de la Chaleur. 1. En cas de Chaleur-Vide (Vide de yin), on tonifie pour nourrir le yin. 2. En cas de Chaleur-Plénitude (Feu), on disperse pour clarifier ou éliminer le Feu. 3. En cas de Froid-Vide (Vide de yang), on tonifie et réchauffe pour chasser le Froid. 4. En cas de Froid-Plénitude (Humidité-Froid), on harmonise et réchauffe le Froid.
À propos de la profondeur des aiguilles et de leur nombre. 1. On puncture superficiellement dans les cas suivants : printemps, été, maladie externe, personnes fines et craintives, maladie par Vide. 2. On puncture profondément dans les cas suivants : automne, hiver, maladie interne, personnes fortes, maladie par Plénitude. 3. Le nombre d’aiguilles n’est pas quantitatif mais qualitatif : il est celui qui soulage le patient.
À propos des saisons. En automne et en hiver où le yin prédomine, la tonification du yang est prioritaire. 2. Au printemps et en été où le yang prédomine, sa tonification peut être négligée. Cependant, certaines écoles tonifient le yang en été pour préparer l’hiver et le yin en hiver pour préparer l’été. Ces règles peuvent paraître contradictoires, en réalité, elles sont adaptées à des styles particuliers d’acupuncture où personne n’a raison sur un autre.
Les quatre ressentis selon le Lingshu, 3. 1. Quand le patient ressent une fraicheur, l’Énergie perverse (xieqi) s’en va. 2. Quand le patient ressent une sensation de chaleur, l’Énergie correcte (zhengqi) arrive. 3. Quand on tonifie un état de Vide (xu), le patient ressent qu’on l’a rempli de quelque chose. 4. Quand on disperse un état de Plénitude (shi), le patient ressent qu’on lui a retiré quelque chose.
Les trois états de l’Esprit (shen). 1. La faiblesse ou la perte de l’Esprit (shen). 2. Le retour de l’Esprit (shen). 3. Le refus de l’Esprit (shen).
Manifestations des Vides (xu) et des Plénitudes (shi). Quand les Vides (xu) ou les Plénitudes (chi) s’associent, chacun des 4 temps de l’examen peut les manifester isolément. Il en est de même quand les Vides (xu) et les Plénitudes (shi) s’associent entre eux, cas le plus fréquent. Dans tous ces cas, la sémiologie peut paraître contradictoire, alors qu’il n’en est rien.
Associations des Vides (xu) et des Plénitudes (shi) dans les Organes (zangfu). Ils s’associent de trois manières. Elles sont différentiées pour des raisons pédagogiques. En réalité, elles se mélangent. 1. Vides ou Plénitudes uniques dans un ou plusieurs Organes (zangfu). 2. Vides et Plénitudes uniques mais présents chacun dans des Organes (zangfu) différents. 3. Vides et Plénitudes associés dans un même organe (zangfu).
Premier cas. Quand les Vides (xu) et les Plénitudes (shi) sont uniques sur chaque Organe (zangfu), on applique la règle générale quels que soient leurs nombres : tonifier là où il y a Vide, disperser là où il y a plénitude, harmoniser dans les cas intermédiaires.
Deuxième cas. En cas de Vide(s) et Plénitude(s) uniques, associés dans des Organes (zangfu) différents, la règle générale est applicable : on disperse l’Organe (zangfu) en Plénitude ; on tonifie l’Organe (zangfu) en Vide ; dans certains cas, l’harmonisation est possible.
Troisième cas. En cas de Vide(s) et Plénitude(s) ou de Froid-Chaleur (hanhe) mélangés dans le même Organe (zangfu), on ne peut ni disperser puisqu’on aggrave le Vide (xu), ni tonifier puisqu’on aggrave la Plénitude (shi). De même, on ne peut ni disperser sans aggraver le Froid (han) ni réchauffer sans aggraver la Chaleur (re). Trois possibilités s’offrent à nous : traiter le Syndrome (zheng) principal, harmoniser, tonifier certains points et disperser d’autres. Dans ce dernier cas, on applique la règle dite de « séparation des zones » : tonifier et réchauffer au tronc, disperser aux membres.
La tonification et la dispersion. On tonifie à la mère et on disperse au fils.
La dispersion, la tonification et l’harmonisation. 1. Pour disperser, on enfonce l’aiguille dans le sens inverse de la circulation de l’Énergie du Méridien (jing), la manipule lentement et avec un grand angle. 2. Pour tonifier, on enfonce l’aiguille dans le sens de circulation de l’Énergie du Méridien (jing), la manipule fortement et avec un petit angle. 3. Pour harmoniser, l’aiguille est enfoncée perpendiculairement et la manipulation est intermédiaire. Dans tous ces cas, on peut appliquer la manipulation dite nianzhuantitcha (Tourner, Soulever-enfoncer)
La dispersion en cas d’Énergie perverse (xieqi). Lors de la dispersion de l’Énergie perverse (xieqi), deux cas de figure se présentent. 1. Si l’Énergie correcte (zhengqi) reprend sa force habituelle, aucune correction supplémentaire n’est à faire. 2. Si l’Énergie correcte (zhengqi) ne reprend pas sa force habituelle, il faut la tonifier pour compléter le traitement.
La tonification des Vides et des Substances (qi). On doit tonifier pour nourrir le yin, le Sang (xue) et accroître les Liquides organiques (jinye), pour renforcer le qi et le yang. Pour tonifier le qi, le yang et le Sang (xue), on réchauffe. On ne réchauffe pas pour nourrir le yin et accroître les Liquides (jinye).
La dispersion des Plénitudes. 1. On disperse la Stagnation de qi(qizhi) et la Stase de Sang (xueyu) pour les mobiliser. 2. On disperse le Feu (zhuo) pour le clarifier ou l’éliminer. 3. On disperse le Vent externe (waifeng) et interne (neifeng) pour le chasser. 4. On disperse l’Humidité (shi) pour l’assécher ou l’éliminer. Il en est de même pour l’Humidité-Chaleur (shire). 5. On disperse les Mucosités-Glaires (tanyin) pour les dissoudre ou les transformer. 6. On chasse l’Humidité-Froid (hanshi) en harmonisant puisqu’il y a Vide de qi de Rate sous-jacent et en réchauffant. 7. On disperse pour rafraîchir la Chaleur du Sang (xuere).
La sélection des points. La technique du choix des points la plus courante est de sélectionner un point proche et un point éloigné du foyer de la maladie : l’avant pour l’arrière et inversement, le bas pour le haut et inversement, la droite pour la gauche et inversement.
Associations de points. En dehors de cas particuliers bien codifiés, il est rare qu’un seul point favorise un résultat thérapeutique, de surcroît, dans les maladies chroniques où les Syndromes (zheng) se multiplient. L’étude des associations de points est indispensable pour permettre une action thérapeutique large, garante d’efficacité.
Les points proches d’un même Méridien (jing). On évite de tonifier un point et disperser un autre point proche d’un même Méridien (jing) pour pourvoir à une même finalité d’action afin de ne pas stimuler des effets contraires. Il y a de très rares exceptions et bien codifiées à cette règle.
La fréquence des séances. En Chine, les séances sont quotidiennes. Une cure comporte une séance pendant 10 jours, suivie d’une pause de 3 jours. Plusieurs cures sont pratiquées. En Occident, l’idéal est de commencer trois fois par semaine. Si c’est impossible, 2 séances par semaine avec espacement progressif sont préconisées. Il est illusoire de croire qu’en Occident, nous pouvons espérer les mêmes résultats qu’en Chine. Nous devons accepter de baisser nos prétentions.
À propos des transformations. 1. Au début et à la fin d’une transformation, on peut considérer qu’il n’y a qu’un Syndrome (zheng) prioritaire ou principal. Dans ce cas, on traite le principal. 2. Au milieu d’une transformation, cas le plus fréquent, chacun des Syndromes (zheng) de départ et d’arrivée est présent d’une manière équilibrée. Dans ce cas, soit on harmonise, soit on tonifie certains points et disperse d’autres. 3. Les choses se présentent parfois d’une manière si complexe, que nous sommes obligés de faire un test thérapeutique pour voir comment les patients réagissent.
Mouvements d’une maladie. 1. Une maladie externe peut passer à l’intérieur, une maladie interne peut passer à l’extérieur. 2. À un moment donné d’un suivi thérapeutique, la survenue d’un épisode aigu est inévitable chez les patients traités à long terme à intervalles réguliers.
La règle générale de la priorité de traitement. Elle veut que l’on traite prioritairement le lieu où a débuté la maladie. C’est un principe de base de bon sens. 1. Une Maladie (bing) Externe (biao) qui se manifeste à l’Intérieur (li) doit être traitée à l’Extérieur (biao). 2. Une Maladie (bing) Interne (li) qui se manifeste à l’Intérieur (li) doit être traitée à l’Intérieur (li). 3. Une Maladie (bing) qui débute à l’Intérieur (li) puis gagne l’Extérieur (biao) doit être traitée, d’abord à l’Intérieur (li), puis à l’Extérieur (biao). 4. Une Maladie (bing) Interne (li) qui débute à l’Extérieur (biao) puis gagne l’Intérieur (li), doit être traitée d’abord à l’Extérieur (biao), puis à l’Intérieur (li). 5. S’il n’y a aucun rapport entre les Maladies (bing), on traite la principale.
La première maladie. Selon le Lingshu, 25, en cas de polypathologie, il faut tenir compte de la première maladie, afin d’adapter le traitement de l’affection pour laquelle le patient consulte, même si elle n‘a plus rien à voir en apparence avec la maladie première et même si la maladie secondaire aggrave la première. Elle témoigne du premier déséquilibre du qi et du Sang qui va orienter tous les autres déséquilibres. C’est pourquoi dit-on que connaître le passé conditionne l’avenir.
Le Froid (han) et la Chaleur (re). 1. Quand un Froid nocif aggrave une maladie, il faut traiter prioritairement la maladie. 2. Quand une Chaleur est aggravée par une autre maladie, il faut traiter la Chaleur apparue en premier.
Les variantes. Il est des cas où : 1. La maladie secondaire est à poursuivre dans ses manifestations ou Cime (biao). 2. La maladie primaire est à poursuivre dans sa racine ou Fondement (ben). 3. La maladie primaire est à poursuivre dans ses manifestations secondes ou Cime (biao). 4. La maladie secondaire est à poursuivre dans sa racine ou Fondement (ben).
Les variantes. Le traitement s’adresse donc soit à la branche ou Cime (biao) ; soit au tronc ou Fondement (ben) ; soit en « s’opposant », c’est la dispersion ; soit « en suivant », c’est la tonification. La connaissance de ces 4 niveaux est facile à exposer mais difficile à appliquer. Elle confère une efficacité maximale. Selon un texte : « il est insensé d’agir dans l’ignorance de ce qui est primitif et ce qui est secondaire ».
Trois règles importantes de priorité de traitement. 1. Quand une Maladie interne (neibing) atteint un seul Méridien (jing), Organe (zangfu) ou Réchauffeur (jiao) ; on le traite directement. 2. Quand une Maladie (bing) atteint un Organe (zangfu) qui se manifeste sur un Méridien (jing)yin ou yang, l’Intérieur (li) est ici l’Organe (zangfu). Son traitement est prioritaire par rapport au Méridien (jing). 3. Quand une Maladie (bing) atteint un Viscère yin (zangyin) et une Entraille (fuyang), l’Intérieur (li) est ici le Viscère yin(zangyin). Son traitement est prioritaire par rapport à l’Entraille yang(fuyang).
L’Avers ou Extérieur (biao) et le Revers ou Intérieur (li). Par rapport à l’Intérieur (li) des Organes (zangfu), l’Extérieur (biao) correspond à trois formes : 1. Les Méridiens (jing). 2. La Peau (pi). 3. Les Orifices (qiao) et organes des sens.
Autres priorités de traitement. 1. Quand les deux Orifices yin, les excrétions du bas, sont atteints, quelle que soit la maladie primitive apparue avant ou après, leur traitement est prioritaire. 2. Devant un Contrecourant (qini), la Cime (biao), provoquée par une Maladie (bing), le Fondement (ben), on traite prioritairement la Maladie (bing), c’est-à-dire le Fondement (ben). 3. Quand le Fondement (ben) est une Plénitude (shi) d’Énergie perverse (xieqi) qui donne naissance à des manifestations, la Cime (biao), on traite prioritairement le Fondement (ben), ensuite la Cime (biao). 4. Quand la manifestation d’une Maladie (bing) est un Vide (xu) d’Énergie correcte (zhengqi) qui provient d’un Fondement (ben) en Plénitude (shi), on traite d’abord la Cime (biao), ensuite le Fondement (ben) ; c’est-à-dire qu’on protège le Vide (xu). 5. Quand un Gonflement (zhang) et une Plénitude (shi) de l’Estomac et de l’abdomen aggravent une Maladie (bing), il faut traiter prioritairement le Gonflement (zhang) et la Plénitude (shi). Les Maladies de Gonflement (zhangbing) sont dues à l’atteinte du qi, du Sang (xue) et des Liquides organiques (jinye). Elles sont dues aux Organes (zangfu) mais ne se manifestent pas sur eux. Elle s’expriment dans les espaces intersticiels et sont distinctes des ballonnements dus au Vide de qi de Rate.
Importance des symptômes. Associés à la Cime (biao), il arrive parfois que l’importance des symptômes nécessite de les traiter prioritairement. Ceci est autant valable pour les déséquilibres du qixue〈Énergie-Sang〉et du yin-yang que du psychisme correspondant aux Émotions-Sentiments (qingzhi). La stagnation de la pensée (yi) lors d’un choc psychologique aigu en est l’exemple le plus typique : elle demande le traitement prioritaire du yi〈Intention-Pensée〉en tant que symptôme.
L’aigu intercurrent avec le chronique. Quand on traite une maladie chronique interne, considérée comme le Fondement (ben), et que vient se surajouter une maladie aiguë, considérée comme la Cime (biao), la règle est la suivante : 1. On interrompe le traitement de la maladie chronique. 2. On traite la maladie aiguë. 3. On reprend ensuite le traitement de la maladie chronique. Dans le cas inverse, on peut aggraver les patients. Que l’épisode aigu intercurrent soit d’origine externe ou interne, psychique ou pas, la règle ne change pas.
La limite de la Médecine chinoise (zhongyi). Si un épisode aigu ne peut être pris en charge par la Médecine chinoise (zhongyi), il faut interrompre le traitement et confier le patient à la médecine scientifique. On reprend ou pas le traitement par la Médecine chinoise (zhongyi) plus tard, une fois l’épisode aigu terminé.
L’atteinte concomitante des Viscères (zang) et des Entrailles (fu). Les Viscères (zang)yin, sont plus Internes (li); les Entrailles (fu) yang, plus Externes (biao). Lorsqu’ils sont atteints ensemble, les priorités de traitement s’appliquent. 1. Quand les maladies des Entrailles (fu) sont dues à un déséquilibre des Viscères (zang) qui se manifestent sur ceux-là, le traitement des Viscères (zang) est prioritaire. 2. Quand les maladies débutent au niveau des Entrailles (fu) et atteignent ensuite les Viscères (zang), le traitement des Entrailles (fu) est prioritaire. On rejoint la règle générale qui veut que l’on traite le Fondement (ben) des maladies.
À propos des quatre Vides. Les quatre Vides, de yin, de yang, de qi et de Sang (xue), sont interactifs. 1. Ils s’associent variablement. 2. Ils nécessitent de rechercher les autres en présence de l’un d’entre eux pour les traiter ensemble. La règles de « ratisser large » s’applique donc. 3. Ils se transforment les uns en les autres dans un même Viscère (zang). 4. Le Vide (xu) d’un de ces quatre éléments dans un Viscère (zang) peut se transmettre à un autre. 5. Chacun d’entre eux peut s’associer à une Plénitude (shi) quelconque.
Le ralentissement et l’accélération. 1. Les Vides de Sang, de qi et de yang ont pour point commun le ralentissement, l’obstruction et la tendance au Froid. 2. Le Vide de yin va vers l’accélération et la tendance à la Chaleur.
À propos des Syndromes (zheng) simples et doubles. 1. Les ouvrages décrivent des Syndromes (zheng) simples bien qu’ils soient formés de plusieurs Syndromes (zheng) qui n’apparaissent pas dans leur dénomination. La règle thérapeutique est que chaque Syndrome (zheng) simple doit être traité. 2. Il en est de même pour les Syndromes (zheng) doubles. Ils peuvent demander à en traiter d’autres pour renforcer les effets des Syndromes (zheng) décrits.
La signification des pouls. En Médecine chinoise (zhongyi), chaque pouls n’a pas toujours une seule signification, ce qui peut dérouter son interprétation. La règle diagnostique impose la confrontation de la palpation des pouls avec les autres temps de l’examen : l’interrogatoire, l’inspection de la langue et du teint. Quand un pouls a une seule signification, il est dit pathognomonique.
La comparaison des pouls et des autres temps de l’examen. En ce qui concerne l’examen du pouls et de la langue, la comparaison se fait sur quatre plans : 1. Le pouls radial gauche. 2. Le pouls radial droit. 3. Le pouls des carotides. 4. L’examen de la langue.
Les différents plans énergétiques. Les niveaux ou plans du yin-yang et du qixue〈Énergie-Sang〉, des Émotions-Sentiments (qingzhi) et des Esprits viscéraux (zangshen) que sont le hun〈Âme céleste〉, le shen〈Esprit〉, le yi〈Intention, pensée〉, le po〈Âme terrestre〉et le zhi〈Volonté, réalisation〉, sont différents et complémentaires. Selon la pathologie présentée, ils peuvent tous demander à être pris en considération.
La médecine et la guérison. Aucune médecine ne guérit jamais définitivement, le lieu où elle intervient n’est pas celui où la guérison se manifeste. Même après sédation des symptômes, si aucune remise en cause intérieure n’est faite, dans le temps, les maladies sont toujours en attente de récidive ou de déplacement. Ainsi, la règle pour le praticien et le patient est de toujours notifier la limite quantitative et qualitative de l’intervention médicale.
En cas de plusieurs maladies. Elles ne se traitent pas toutes par acupuncture. La règle est de prendre en charge celle qui donne le meilleur résultat et de confier les autres pathologies à la médecine scientifique s’occuper.
Désir et échec du patient. 1. Le praticien ne doit pas céder au désir immédiat du patient qui va à l’encontre du déroulement d’un traitement, notamment, en matière d’arrêt des médicaments allopathiques. Seul le praticien est le garant de la loi médicale qu’il applique, ce n’est pas le patient. 2. Parmi les raisons de l’échec d’un traitement, il y a celles qui sont dues au patient lui-même, pour une ou des raisons conscientes ou inconscientes. C’est ce que nous appelons « le refus de l’Esprit (shen) ».
Les prises de conscience. Pouvant radicalement changer le cours d’une vie, les prises de consciences obtenues par un traitement d’acupuncture ne peuvent ni s’expliquer ni se diffuser. Elles s’opèrent dans la solitude et le silence d’une unique relation de confiance absolue entre deux personnes. Elles font partie du travail invisible. Le summum d’un succès thérapeutique passe par une prise de conscience qui permet d’améliorer sa place dans la vie.